14 septembre 2014
Frères
et sœurs, fidèles du Christ,
La
Croix glorieuse. Nous ne percevons plus aujourd’hui le paradoxe de cette
expression. Comment le pire des supplices peut-il être glorieux ? parlerait-on de chaise électrique glorieuse, de piqure létale glorieuse ? Mais
c’est pourtant une réalité fondamentale de notre suite du Christ : La Croix n’existe
pas sans résurrection, il n’est pas de résurrection sans Croix.
C’est
au cœur de notre foi.
Récriminations
Dans
la Bible, comme bien souvent, la croix est annoncée, elle est comme anticipée
par des expériences faites par le peuple hébreu.
C’est
l’objet de notre première lecture, du livre des Nombres (le 4e livre
de la Bible). Comme bien souvent, à peine sorti d’Égypte, le peuple récrimine…
vous savez ce que c’est récriminer… c’est râler, c’est refuser de faire
confiance, c’est croire que le chemin qui nous est proposé est une impasse. Récriminer,
c’est le « sport » préféré du peuple hébreu en marche dans le désert.
Je ne sais pas si vous avez déjà fait cette
expérience : quand on marche en groupe, il y en a un qui marche en tête,
avec la carte. Et quand cela devient difficile, quand il commence à faire soif,
qu’on a mal aux pieds, qu’on ne voit pas le bout, alors ceux qui marchent
derrière commencent à récriminer…
C’est
exactement cela qui arrive aux hébreu. Ils ont perdu confiance en leur guide.
Et cela a des conséquences malheureuses… certains ont-ils voulu prendre un
autre chemin ? on ne sait, mais ils sont tombés sur des serpents mortels.
Mais
Dieu ne les abandonne pas, il leur donne un salut. Et comment leur est-il
donné ? Il a fallu exposer la conséquence de la faute sur un mat. Et
regardant le trophée, regardant ce serpent d’airain, les hébreux pouvaient se
recentrer sur leur guide, se rappeler qui est leur véritable sauveur. Et ils
étaient guéris.
« Qu’ils
le regardent et ils vivront »
Jésus
nous enseigne que c’est par la croix que nous sommes sauvés, c’est par la croix
que nous sommes guéris. Finalement nous n’avons rien à faire, il suffit de
regarder en vérité cette croix. Non pas comme une œuvre d’art…
Et
que voit-on : On voit Dieu, exactement à l'opposé de ce que l'homme pense
qu'est Dieu. On voit Dieu, qui ne nous demande rien, et qui veut notre bonheur
et notre joie. Et qui donne tout ce qu’il est pour cela. La croix, au premier
niveau, c’est la manifestation par excellence de l’impuissance du supplicié.
C’est la manifestation de la souffrance. C’est la manifestation de la
méchanceté et de la volonté de puissance des hommes qui sont bourreaux.
Sur
la croix, on découvre un Dieu, qui ouvre les bras, qui se laisse crucifier. On
découvre la toute-puissance divine qui se remet entre les mains de notre
petitesse, et qui se laisse prendre dans nos mains, qui se laisse posséder par
nous. Rappelons-nous ces disciples d’Emmaüs qui croyaient que tout était fini.
« Qu’ils
le regardent et ils vivront »
Regardons-le
donc. Dans cette position, les mains ouvertes dans un immense geste
d’embrassement, il se donne à nous, et il nous révèle le chemin de notre
bonheur, de la joie ultime.
C’est
par sa croix que nous serons vainqueurs, par sa souffrance que nous sommes
guéris, par sa mort que nous sommes sauvés.
Ce
n’est pas que la souffrance a une valeur en soi, oh non. Elle est même comme
incompatible avec Dieu en tant que telle, la mort apparait comme exactement ce
qui n’est pas Dieu. « Il n’est pas le Dieu des morts ».
Ce
qui nous sauve, c’est le don que fait Jésus. Il donne sa vie même. Nous pauvres
humains, dans notre désir de possession, nous avons l’impression que rien n’est
vraiment donné si cela n’est pas retiré à celui qui donne. Il a fallu que Jésus
passe par là : « devenu semblable aux hommes, il s’est abaissé
lui-même jusqu’à mourir et mourir sur une croix… »
Et
pourtant, si Jésus passe par la mort, il ressuscite… la vie qu’il nous a donné,
pleinement, à la manière humaine, sans rien retenir, elle lui est rendu. C’est
la grande leçon de la lecture de Saint Paul : Lorsqu’on donne tout, on ne
perd rien, bien au contraire !
Mais
qu’il est difficile de se donner pleinement ! Le Seigneur nous y appelle…
Entrons dans la démarche eucharistique. Approchons du Seigneur, qui se livre à
nous dans l'Eucharistie, non plus comme un supplicié, mais sous l’apparence d’un
pain de misère qui tient dans notre main, et demandons son aide, sa force et
son soutien.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
tout commentaire est bienvenu
qu'il soit constructif et utile, tel est mon seul souhait
merci