Un débat récent faisait affirmer à
certains : « l’Islam est diabolique ». Qu’en est-il
vraiment ? Peut-on, en tant que catholique l’affirmer ? N’est-ce pas « s’opposer
au Concile » ? Ne pas le dire n’est-il pas une façon de tomber dans
un relativisme exacerbé ?
Pourquoi ne semble-t-il pas possible de dire que l'Islam est une "religion diabolique" ?
C'est d’abord inaudible pour celui
qui nous écoute, qu'il soit lui-même musulman ou qu'il soit occidental féru de
de liberté de conscience et de la valeur de toute idée quelle qu’elle soit.
C’est refuser à l’autre cette capacité de discerner et de juger qui est le propre de tout homme.
C’est refuser à l’autre cette capacité de discerner et de juger qui est le propre de tout homme.
Cela laisse aussi à penser que rien
n'est récupérable dans l'Islam, que tout est absolument faux.
Or le concile Vatican II disait : « L'Église regarde aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre (5), qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers » (Nostra Aetate 3). Par ce texte, le concile affirme qu’un certain nombre d’articles de la doctrine islamique sont vrais et bons.
Or le concile Vatican II disait : « L'Église regarde aussi avec estime les Musulmans, qui adorent le Dieu un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre (5), qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers » (Nostra Aetate 3). Par ce texte, le concile affirme qu’un certain nombre d’articles de la doctrine islamique sont vrais et bons.
Ainsi, l'Islam s’établit sur les
fondements bons de la religion naturelle, il prend en compte certaines données
de la Révélation judéo-chrétienne, et à ce titre il ne peut être appelé
« diabolique ».
Peut-on dire qu’il est « intrinsèquement pervers » ?
On a alors proposé que l'Islam soit
vu comme « intrinsèquement pervers », par analogie avec ce système
politico-religieux qu'est le Communisme. Dans cette idéologie, il y a nombre de
choses vraies qui sont perverties irrémédiablement ; l’Islam n’est-il
point ainsi ? Mais en relisant Divini Redemptoris (au n°57-58), on
peut constater que ce qui rend le communisme « intrinsèquement pervers »,
c'est son athéisme matérialiste.
Or cela ne peut pas
s'appliquer à l'Islam, qui permet, et même favorise la perception de la
transcendance. Puisqu’il laisse la porte ouverte à ce que Simone Veil appelait
« l’attention », l’Islam a une valeur objective. [Ce qui n’empêche
pas les tentations inverses, car pour beaucoup de musulmans, le "royaume
des Cieux" islamique est très terrestre].
La démarche spirituelle du musulman aujourd’hui
Le musulman est avant tout un homme,
donc un « chercheur de Dieu ». À ce titre, sa quête est bonne et
porte forcément (en tout cas c'est notre espérance) du fruit, car « Dieu
p(eut) par des voies connues de lui amener à la foi sans laquelle il est
impossible de plaire à Dieu » (Ad Gentes 7). La quête de sens
(Logos) du croyant et les conditions historico-sociales de son environnement
l'entrainent à entrer dans l'Umma qui est, pour lui, la réponse la plus
adéquate à ce "désir naturel du surnaturel". Ainsi subjectivement, le
croyant musulman fait le meilleur choix en adhérant à la foi islamique, car il
ne connait aucune autre manière meilleure d’honorer Dieu. Comme tout homme
engagé dans une foi religieuse, il peut par lui-même pervertir son acte
religieux [relisez donc Lc 11, 39-52].
Ainsi la démarche du croyant musulman est connoté positivement puisque c’est une quête fondamentalement humaine.
Ainsi la démarche du croyant musulman est connoté positivement puisque c’est une quête fondamentalement humaine.
Mais pourquoi l’Islam reste-t-il une mauvaise réponse ?
Après avoir pointé ce qui est bon
dans l’Islam, observons ce qui fait que ce système n’est pas une voie de
Salut : car l’Islam pervertit les fondements bons précités pour en tirer
un système religio-politique trop habituellement totalitaire
D’abord d’un point de vue
théologique, L'Islam est une forme très élaborée de réponse négative à la
Révélation du Christ (Mgr Tessier, évêque d'Alger, répondait ainsi à la
question "qu'est-ce l'Islam ?" : « ce n'est qu'une
façon de plus de dire non au Christ »). Or le Christ est « le chemin,
la Vérité, la Vie » et par lui seul nous pouvons accéder à Dieu-Trine. Si
Jésus peut se révéler et révéler le Père en dehors de tout système religieux,
une religion qui le nie ne peut être moyen de Salut.
D’un point de vue anthropologique
et social, l’Islam a une tendance, fondée sur le Coran et les
hadiths, à faire primer la communauté sur la personne. La dimension communautaire
de l’Islam est connue et semble souvent enviable. Et pourtant, elle n’est pas
un argument suffisant pour mettre à mal la liberté intrinsèque de chaque homme
à mener sa quête personnelle de Dieu. C’est bien une vision stricte, mais
juste, de l’Islam qui veut faire croire que arabe = musulman.
De ce même point de vue anthropologique,
l’Islam met à mal l’égalité fondamentale qui existe entre l’homme et la femme (par exemple : Sourate
III, 193 : « Les femmes sont issues des hommes. », et
Sourate IV, 1 : «Ô hommes! craignez votre Seigneur qui vous a créés
tous d'un seul homme ; de l'homme il forma sa compagne. »), alors que la Bible affirme « Dieu créa l’homme à son image, mâle et
femelle il les créa ». On comprend alors les conséquences légales de cette
inégalité.
Enfin, pour conclure ce long
message, les traditions soufies ou les interprétations douces du Coran ne me
semblent pas être un argument suffisant pour 'sauver' l'Islam. Car cela ne
contrebalance pas l’argument théologique, et l'histoire des persécutions des
soufis (ou des philosophes) est suffisamment longue pour percevoir la validité
du deuxième argument. Enfin, de nombreuses interprétations du Coran sont
possibles, comme par exemple celle qui comprend le ‘jihad’ comme un
combat exclusivement spirituel ou celle qui prône l’égalité de l’homme et de la
femme…
Mais l’Islam majoritaire ne me
semble pas être cet Islam spirituel.
Attention, cette réflexion sur l'Islam ne préjuge
absolument pas de la foi (comme adhésion personnelle à Dieu) des musulmans,
qui, pour beaucoup, sont de vrais « chercheurs du Dieu vivant ». Il
ne faut donc pas entendre cet article comme un appel à la « guerre
sainte », car seule la découverte personnelle de l’amour du Christ rendra
libre.
"Le musulman est avant tout un homme"...
RépondreSupprimerEn cela tu dis vrai !