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mercredi 30 octobre 2013

Prêtre, Prophète et Roi

Le rituel du baptême dit : « Dieu vous marque de l’huile du salut, afin que vous demeuriez membres du Christ, prêtre, prophète et roi pour la vie éternelle ».



Dans l’Ancien Testament, on observe que trois personnages sont des « oints » [1], sont des « christ », sont des « messie » (les trois mots sont synonymes) : le roi [David est oint par Samuel en 1S16], les prêtre [Aaron et ses fils sont oints par Moïse en Lv 8, 30], et le prophète [Élie reçoit l’ordre de oindre Élisée en 1R 19, 16]


La foi d’Israël est dans l’attente d’un messie définitif, dans l’attente d’un « oint ». Celui qui va se révéler comme ce Christ, à la fois prêtre prophète et roi, c’est Jésus. Il ne l’a pas revendiqué, mais les apôtres et les évangélistes discerneront et expliciteront ces dimensions.

Ainsi le prêtre, prophète et roi, c’est le Christ. 

I.  Prêtre


Dans le judaïsme ancien, des prêtres (c'est-à-dire les sadducéens que nous rencontrons dans le Nouveau Testament) sont considérés comme des médiateurs entre le peuple et Dieu. [c’est aussi vrai dans les religions traditionnelles païennes] Les sacrifices au Temple de Jérusalem sont destinés à réconcilier Dieu avec le peuple.

Nous trouvons une description de ce type de grand prêtre dans l'épître aux Hébreux: «Tout grand prêtre, en effet, pris d'entre les hommes, est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu, afin d'offrir dons et sacrifices pour les péchés.» (He 5, 1). Un prêtre est donc un homme choisi entre les hommes pour parler au nom de tous à la divinité.

L'auteur de ce texte va même dire au chapitre 7, que depuis le Christ, nous n'avons plus besoin de prêtres, puisqu'il est désormais l'unique grand prêtre par excellence lui a réconcilié une fois pour toute Dieu avec l'humanité et l'humanité avec Dieu.
Ainsi « nous avons un pareil grand prêtre qui s'est assis à la droite du trône de la Majesté dans les cieux, ministre du sanctuaire et du Tabernacle, le vrai, celui que le Seigneur, non un homme, a dressé ». (He 8, 1­2).

Lui, l'unique Médiateur entre Dieu et les hommes (1 Tim 2, 5), a réconcilié par un sacerdoce unique l'humanité avec le Créateur.
Et le mystère lumineux du christianisme est que le Christ grand prêtre est également le Christ agneau sacrifié. Le Christ est donc prêtre, mais pas comme les prêtres de l'ancienne alliance – il est le prêtre par excellence, et dorénavant nous n'avons donc plus besoin de prêtres, sauf lui.


II.  Prophète


Le prophète dans la Bible est celui qui est nourri de la Parole de Dieu (et donc de la pensée de Dieu) et qui n’a pas peur de la proclamer. Les prophètes sont Moïse, Jérémie, Ézéchiel… leur but n’est pas de prédire l’avenir, mais bien plutôt de révélé qui est Dieu, de parler au nom de Dieu. Dieu avait annoncé à Moïse en Dt 18, 18 : « Je leur susciterai, du milieu de leurs frères, un prophète semblable à toi, je mettrai mes paroles dans sa bouche et il leur dira tout ce que je lui ordonnerai. Si un homme n'écoute pas mes paroles, que ce prophète aura prononcées en mon nom, alors c'est moi-même qui en demanderai compte à cet homme ».


À ce titre Jésus est prophète, c’est d’ailleurs la dimension qui a été la plus immédiatement perçue par ses contemporains « “Pour les gens qui est le fils de l’homme ?” “Pour les uns, Jean le Baptiste; pour d'autres, Elie; pour d'autres encore, Jérémie ou l'un des prophètes” » (Mt 16,14).
Il enseigne, il parle au nom de Dieu, d'une façon singulière, unique, comme personne d'autre avant lui ne l'avait fait. « ils étaient frappés de son enseignement parce que sa parole était pleine d'autorité » (Lc 4, 31).

Moïse était le plus grand des prophètes, et la lettre aux Hébreux (Hé 3, 1-6) démontre que Jésus est plus grand que Moïse.  Et nous n'avons donc plus besoin de prophète, sauf lui.


III.   Roi


Les juifs attendaient un roi messie... Le prophète Nathan l’avait promis à David (2S 7) : « Et le Seigneur t'annonce que le Seigneur te fera une maison. Lorsque tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, j'élèverai ta descendance après toi, celui qui sera issu de toi-même, et j'établirai fermement sa royauté ». Et c’est bien le fils de David, né dans la ville de David, Bethléem, qui s’est révélé comme le messie


Dans la tradition biblique, le roi doit être un berger (cf. Ez 34, 23­24), quelqu'un qui est à la fois capable d'avoir le souci de l'ensemble du troupeau et en même temps de chacune de ses brebis, notamment les plus vulnérables.
Quand les auteurs des évangiles nous présentent Jésus comme « le bon berger » (Jn 10) qui va même à la recherche de la brebis perdue (Lc 15, 4­7 ; Mt 18, 12-­14), ils nous le présentent sous un aspect davido­messianique.

Jésus est le roi par excellence, pas un roi de pouvoir, mais de service. C'est également sous cet aspect qu'il est présenté à la fin de sa vie devant Pilate (Jn 18, 33, Mt 27, 11: « Es-tu le roi des juifs ? »), lors de sa flagellation (« Salut, roi des Juifs !», Jn 19,3) et sur la croix (INRI, « Jésus le Nazôréen, le roi des Juifs », Jn 19, 19). Et comme Jésus l'explique lui-même devant Pilate dans l’évangile selon saint Jean, cette royauté de Jésus, fidèle à la tradition biblique, est une royauté de service qui ne correspond pas aux types de royauté qu'on trouve dans le monde. 


IV.   Et nous ? Ne sommes nous pas prêtre prophète et roi ?


En fait non. Nous ne sommes pas prêtre, prophète et roi. Ou, plus exactement, nous le sommes, mais pas par nous-mêmes, nous ne le sommes que par notre union au Christ. Depuis notre baptême nous participons à l'être du Christ et nous sommes alors, 

 prêtre : avec Jésus en Jésus par Jésus, nous entrons en relation avec Dieu, nous prions, nous louons, nous rendons grâce. Nous avons une mission, une charge, celle de prier pour le monde, et celle de nous offrir en sacrifice de louange, en sacrifice spirituel… « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime »

prophète : avec Jésus, en Jésus, par Jésus, nous nous nourrissons de la parole de Dieu, de cette Parole faite chair, de ce pain fait Parole. Nourri de cette parole, il nous faut l’annoncer, la proclamer, la répéter, à temps et à contre temps.

Roi : avec Jésus, en Jésus, par Jésus, nous sommes envoyés au service de nos frères. Notre volonté est celle du Père : que le Royaume/Règne de Dieu vienne sur la terre comme au ciel.

On appelle ces trois dimensions les trois munera de munus qui veut dire charge en latin… lorsque nous avons été baptisés, nous avons été chargés de cette triple mission de prêtre, prophète et roi. Et nous ne serons pleinement chrétien que si nous voulons réellement mettre en œuvre ce caractère de prêtre, prophète et roi.

[1]  Ce qui veut dire "huilé", couvert d'huile !

dimanche 18 novembre 2012

Baptême (II)

Le jourdain aux sources de Banhias, lieu de la confession de Pierre (Mt 16, 13sq)
Le Baptême est un évènement directement issu de l'ordre du Christ, tel qu'il nous a été transmis par saint Matthieu : 
(Mt 28,19-20) Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit. 
Dès l'origine, il apparait que le baptême est un rite, et en même temps, il implique un enseignement... d'abord sur Dieu lui-même, un et trois, mais aussi sur la vie à la suite du Christ.
Aux temps apostoliques, il apparait que lorsqu'un baptême a lieu, Dieu lui-même intervient. Les Actes des Apôtres rapportent de nombreux exemples de manifestation de l'Esprit Saint à l'occasion de baptême. La pratique de l’Église des premiers siècles montre l'importance que la communauté chrétienne attribue à ces rites. Dès la fin du IIe siècle (Origène en Orient, Tertullien en Occident) une réflexion plus systématique s'effectue sur cet évènement du baptême, et un vocabulaire nouveau apparait : le baptême est un mystère (en orient) ou un sacrement (en occident). 

Avec Augustin, le sacrement est défini comme signe de la réalité par excellence, comme manifestation de celle-ci, comme similitude avec elle, qui est le mystère de Dieu. Ce sacrement comme signe est efficace, car il rend présent le Mystère, qui est le Christ lui-même : il y a communication de la grâce, de la vie de Dieu, à l'homme. 

Ainsi, lorsque le baptême est donné par l’Église, ce n'est pas seulement un petit rite social, d'entrée dans la communauté de ceux qui croient au Christ. C'est aussi, à l'image de la purification du corps que permet l'eau, une purification de la personne tout entière, de son âme, par l'action de l'Esprit Saint. Enfin, il y a inscription d'un caractère : le baptisé est transformé, rendu semblable au Christ, et comme lui, il devient "fils de Dieu", au sens le plus fort de l'expression. 

Par le baptême, l'homme devient membre d'une communauté, communauté qui participe à l'être même du Christ, et donc à sa mission... Le chrétien a un rôle à tenir dans le Salut du monde. 

jeudi 8 novembre 2012

Le Baptême (I)

J'entame une (petite) réflexion sur le baptême, ce rite par lequel Dieu nous touche et nous fait entrer dans son intimité. 

La symbolique de l’eau et illustrations bibliques

L’eau qui fait vivre : l’eau arrose le jardin en Gn 2, 8-10 
Yahvé Dieu planta un jardin en Éden, à l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait modelé. Yahvé Dieu fit pousser du sol toute espèce d'arbres séduisants à voir et bons à manger, et l'arbre de vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Un fleuve sortait d'Éden pour arroser le jardin et de là il se divisait pour former quatre bras.
L’eau qui lave et qui purifie : Naaman en 2R 5, 14
Il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l'homme de Dieu ; et sa chair redevint comme la chair d'un petit enfant, et il fut purifié.
L’eau de la mort : Le déluge en Gn 7, 17-21
Il y eut le déluge pendant 40 jours sur la terre; les eaux grossirent et soulevèrent l'arche, qui fut élevée au-dessus de la terre. Les eaux montèrent et grossirent beaucoup sur la terre et l'arche s'en alla à la surface des eaux. Les eaux montèrent de plus en plus sur la terre et toutes les plus hautes montagnes qui sont sous tout le ciel furent couvertes. Les eaux montèrent quinze coudées plus haut, recouvrant les montagnes. Alors périt toute chair qui se meut sur la terre : oiseaux, bestiaux, bêtes sauvages, tout ce qui grouille sur la terre, et tous les hommes.

Le mot « baptême »

Du grec βαπτιζειν, plonger totalement, immerger. Chez les grecs, le terme a une connotation négative. Dans l'Ancien Testament traduit en grec, la connotation négative disparait. Il implique le passage du corps entier dans l’eau. 
C’est l’action qu’accomplit Jean Baptiste, c’est ce mouvement d’immersion totale que vivra Jésus lors de son propre baptême

Le baptême dans le Nouveau Testament

Jean-Baptiste baptise. Cf. Mt 3, 1-12.
Pour moi, je vous baptise dans de l'eau en vue du repentir ; mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, dont je ne suis pas digne d'enlever les sandales ; lui vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu.
Cet acte est donc un baptême avec confession des péchés et avec une optique de conversion, de changement de vie (metanoia en grec). Ce changement de vie est en rapport avec la Loi de Dieu tel qu'elle a été prêchée par les prophètes tout au long de l'histoire. cf. Lc 3, 10-14 :
« Que nous faut-il donc faire ? » Il leur répondait : « Que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n'en a pas, et que celui qui a de quoi manger fasse de même. » Des publicains aussi vinrent se faire baptiser et lui dirent : « Maître, que nous faut-il faire ? » Il leur dit : « N'exigez rien au-delà de ce qui vous est prescrit. » Des soldats aussi l'interrogeaient, en disant : « Et nous, que nous faut-il faire ? » Il leur dit : « Ne molestez personne, n'extorquez rien, et contentez-vous de votre solde. »
Ce baptême est tendu vers une plénitude à venir ; Jean-Baptiste annonce l'arrivée d'un autre, qui élargira la signification du baptême.

Lorsque Jésus reçoit le baptême, une dimension nouvelle s’y ajoute déjà : celle de l’onction de l’Esprit et de la filiation. De plus, l'ensemble de la vie de Jésus, et plus particulièrement sa passion, apporte un nouveau sens au baptême, acte volontaire qui est un passage vers un changement radical ; Mc 10, 38 :
Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire et être baptisés du baptême dont je vais être baptisé ?
Les Actes des Apôtres insistent sur la dimension pneumatique (don du saint Esprit) du baptême. C'est ainsi qu'en Ac 19, 1-6 :
Paul arriva à Éphèse. Il y trouva quelques disciples et leur dit : « Avez-vous reçu l'Esprit Saint quand vous avez embrassé la foi ? » Ils lui répondirent : « Mais nous n'avons même pas entendu dire qu'il y a un Esprit Saint ». Et lui : « Quel baptême avez-vous donc reçu » – « Le baptême de Jean », répondirent-ils. Paul dit alors : « Jean a baptisé d'un baptême de repentance, en disant au peuple de croire en celui qui viendrait après lui, c'est-à-dire en Jésus ». A ces mots, ils se firent baptiser au nom du Seigneur Jésus ; et quand Paul leur eut imposé les mains, l'Esprit Saint vint sur eux, et ils se mirent à parler en langues et à prophétiser.

Le baptême aux temps apostoliques

Le plongeon dans l’eau est réalisé au nom de la sainte Trinité (Mt 28). C'est un triple plongeon, ou au moins une triple infusion, au nom des trois personnes divines.
C’est aussi le rite d’entrée dans la communauté ecclésiale (Ac 2, 38). Ainsi le baptême est toujours reçu d’un autre, on ne se le confère pas à soi-même.
C’est aussi un passage dans la mort et résurrection du Christ (Rm 6). C’est la participation à la Pâque du Seigneur, l’adhésion au mystère de Salut accompli par le Christ. C'est le renoncement à sa volonté propre pour adhérer au vouloir de Dieu.
Il est enfin en lien avec les dons de l’Esprit (Ac 19). Le baptême est l'accomplissement du don de l’Esprit qui vient alors habiter en nous, et cet Esprit fait de nous des fils du Père, frères de Jésus.

Le texte de la Didachè, que l’on date des tous premiers temps de l’Église (entre 70 et 140) expose un premier rituel de baptême :
N°7 – 1. Pour ce qui est du baptême, donnez-le de la façon suivante : après avoir enseigné tout ce qui précède, «  baptisez au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » dans de l'eau vive. 2. S'il n'y a pas d'eau vive, qu'on baptise dans une autre eau et à défaut d'eau froide, dans de l'eau chaude.3. Si tu n'as ni de l'une ni de l'autre, verse de l'eau sur la tête trois fois «  au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». 4. Qu'avant le baptême jeûnent le baptisant, le baptisé et d'autres personnes qui le pourraient; du moins ordonne au baptisé de jeûner un jour ou deux auparavant.