Jean Mercier a écrit un article sur
les mérites
du mariage gay. Cet homme-là écrit bien, veut avoir un regard de charité sur les hommes. Il force à réfléchir et je rejoins largement son analyse.
Je le rejoins car effectivement, ce
débat est l'occasion pour les chrétiens de reprendre à nouveau frais la
réflexion sur l'homosexualité ; et ceux qui ont des oreilles peuvent entendre :
l’Église est mère et elle accueille sans faire acception des personnes.
Je m'en écarte toutefois, car on
peut comprendre de ce texte que la 'non-homophobie' doit devenir une
'homophilie' : et pourtant, si j'aime Philippe, Jean ou Bertrand, ce
n'est pas en raison de leurs modes de vie sexuelle. Et en fait, je les aime sans m'intéresser à cela... Si l'un a des pratiques homosexuelles, je l'aimerai alors de la même façon que j'aime un kleptomane non pour ce
qu'il fait, mais pour ce qu'il est [la comparaison est évidemment analogie [1]]. Et
c’est mon amour pour eux qui me fait dire que ce qu’ils vivent n’est pas bon.
En fait, la plus grande erreur au sujet de l’autre, c’est
de croire qu’il se réduit à ce qu’il fait. Heureusement que Dieu n’a pas ce
regard.
C’est l’erreur de l’homophobe qui pense que « l’homosexuel »
se réduit à cela, et il ne le regarde que comme le résultat de son agir. Il
pensera : puisque ses actes sont anormaux (puisque pas dans la norme), l’homosexuel
est donc anormal. C’est évidemment un
peu court, et c’est oublier notre condition de pécheur.
Celui qui s’oppose à cette homophobie (avec raison)
peut faire la même erreur : ne distinguant toujours pas la personne de ses
actes, il y a comme une ‘canonisation’ de l’agir : puisque la personne est
normale, ses actes sont donc normaux.
En réalité, j'aime le pécheur, non
en raison de ses péchés, mais parce qu'il est image de Dieu, et qu'il est
appelé (comme moi) à la ressemblance [2]. En cela
j’essaie d’imiter le Christ [3] :
lorsqu’il rencontre la femme adultère (Jn 8, 1-11),
il l’aime en ce qu’elle est et non en ce qu’elle fait : preuve en est le « va
et ne pèche plus », Jésus la considère comme plus grande que ses actes. De
même lorsqu’il parle aux pharisiens, il veut qu’ils changent leur regard et
qu’ils cessent de prendre l’agir de la femme pour son être.
Si mes actes manifestent mon être, je suis plus que la somme de mes actes. Et je reste toujours maitre de mon destin : moi seul peut choisir ce que sera ma vie.
Très interessant, merci! Une seule question: le péché, les actes mauvais, qui "coupent" de la grâce de Dieu (je parle en général), ne peuvent-ils pas nous couper aussi de la communion des saints, de la fraternité entre nous? Si quelqu'un commet le mal, nous sommes tous touchés, nous l'aimons toujours autant, mais nous nous éloignons non?
RépondreSupprimerEffectivement, le péché, qui a comme première conséquence de nous séparer (plus ou moins complètement) de l'amitié avec Dieu, a comme conséquence seconde de blesser notre lien aux autres (et vice versa). En reprenant le texte de la Genèse, on constate que Adam s'empresse de rejeter la responsabilité sur Eve, et celle-ci se dédouane en accusant le serpent... Il faut aussi reprendre le récit du péché de Caïn.
SupprimerToutefois, la première victime du péché est l'auteur de ce péché ; si je constate un péché chez mon frère je n'ai que deux positions possibles : soit je le regarde comme un coupable, je le réduis à son péché, et d'une certaine manière j'entre dans son péché puisque je l'empêche de rétablir le lien. Soit, à l'imitation du Christ je laisse toute porte ouverte et lui permet d'entrer dans un chemin de réconciliation... c'est bien évidemment le pécheur qui choisit de se laisser réconcilier, mais mon choix de chrétien doit être de favoriser ce choix.
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