vendredi 14 novembre 2014

Homélie - Saint Martin - messe en mémoire de nos morts

11 novembre 2014

Chers amis,

Le 11 novembre, l’Église fête un soldat. Il ne porte pas la tenue bleu-horizon, il ne porte pas le treillis des opérations au Liban ou au Mali. Il porte la cuirasse, le casque, le grand manteau rouge du soldat romain.
Martin est originaire de Pannonie, la Hongrie actuelle. Il est envoyé dans le nord de la Gaule, face aux barbares qui cherchent à s’implanter en Gaule. C’est une figure très contemporaine : il est de tradition chrétienne, mais il n’est pas baptisé. Et cela ne l’intéresse pas beaucoup. Un jour, il rencontre un pauvre grelottant de froid, et dans un geste de grande générosité, il lui donne tout ce qui lui appartient : la moitié de son manteau. Ce manteau du soldat romain, très ample, qui lui permet de se protéger du froid, et qui appartient pour moitié à l’armée…

Cela, il l’a fait par – on dirait aujourd’hui – par humanisme : face à la détresse humaine, son cœur a parlé. Dans la nuit qui suit, il fait un songe, et dans ce rêve, il voit le Christ couvert de ce manteau…
Martin, dans son geste de générosité, a mis en œuvre l’évangile que nous avons entendu : il ne savait pas qu’il servait le Christ en servant ce pauvre, et pourtant c’était bien Lui.

Dans l’évangile que nous venons d’entendre, Jésus, en racontant d’une manière très imagée le jugement dernier, met en question ses disciples : si les « nations », autrement dit les non-croyants, sont jugées sur l’amour, combien plus nous ses disciples, qui connaissons le commandement principal du Christ… vous savez : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de toute ta force, de tout ton esprit, et tu aimeras ton prochain comme toi-même »…  combien plus ceux qui se réclament du nom de chrétiens doivent-ils mettre en œuvre ce commandement de l’amour du prochain. 

Chers amis,
Nous faisons aujourd’hui mémoire de la 1ere guerre mondiale, de cette guerre qui couta la vie à  10 millions de personnes, 2 millions de nos compatriotes et à 69 brignairots.
Si avec le recul de l’histoire nous voyons combien cette guerre était une folie – comme toutes les guerres d’ailleurs – nous ne pouvons que saluer ces jeunes hommes, qui sont partis au front parce qu’ils croyaient qu’il y avait des réalités, des valeurs, qui valaient la peine que l’on risque sa vie pour elles.

Mais le cri des soldats de 14, ce « plus jamais la guerre » que le bienheureux Pape Paul VI a repris dans un discours resté célèbre à l’ONU, ce cri reste le nôtre aujourd’hui.

Cette paix, il nous faut encore aujourd’hui nous battre pour elle, chacun à notre niveau… Mais peut être que le meilleur moyen ne passe pas par les armes…

Nous avons l’exemple de saint Martin : quittant le service des armes, il va se mettre au service du Christ, de son message de paix et d’amour : sa force, son courage, son enthousiasme, il va les mettre au service des populations pauvres et délaissées, les rustres, ces habitants des campagnes dont les gens cultivés avaient peur et qu’ils ne voulaient pas rencontrer : [ce ne sera pas facile, mais l’ouvrage qu’il commence, c’est la première pierre d’un chantier qui donnera, bien des siècles plus tard, la France].

Aujourd’hui, ce choix de Martin reste pleinement d’actualité, et il nous faut nous aussi rendre actuelle cette parole du Christ : « j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ! »

Et peut-être que le seul combat qu’il nous faut vraiment mener c’est celui qui se déroule dans notre propre cœur ; contre notre propre égoïsme. C’est aussi le choix de saint Paul dans la première lecture : quand ce qui compte vraiment est en danger, nous ne pouvons pas rester l’arme au pied.

Mais pas d’erreur : l’arme de saint Paul, qui doit être nôtre, c’est le Christ, lui qui « nous laisse la paix, qui nous donne sa paix » ; et nous laisserons entrer cette paix dans notre monde, si nous nous laissons convertir par Lui et que nous laissons entrer sa paix dans nos vies.  

Amen

 ___________________________

Je remercie le P. Boez, dont j'ai pillé l'accroche initiale... mais il ne faut jamais s'interdire ce qui est pour la gloire de Dieu (http://media.cathocambrai.com/378488.pdf)


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

tout commentaire est bienvenu
qu'il soit constructif et utile, tel est mon seul souhait
merci