« Dieu créa l’homme à son image, mâle et femelle il les créa » Gn 1, 27 ;
La Bible,
Ancien comme Nouveau Testament, considère que la sexualité est essentielle à
l’être humain, qu’elle est même part de sa qualité d’image de Dieu. À ce titre,
la Révélation prend position quant à la manière de mettre en œuvre la
différence sexuelle et la sexualité.
C’est ainsi que dès Gn 2, 18-25[1],
la Parole révélée insiste sur la complémentarité de l’homme et de la femme.
L’amour entre homme et femme est premier dans ce récit qui ne fait d’ailleurs
pas référence à la fécondité. « Une seule chair » fait d’abord
référence à l’union sexuelle, mais plus profondément à l’union des personnes,
selon le procédé littéraire de la synecdoque.
Saint Jean Chrysostome voit dans
l’union des corps l’actuation de l’image divine : « Quand les époux
s’approchent l’un de l’autre, ils représentent l’image même de Dieu »[2].
La première finalité de l’union de l’homme et de la femme est alors de rendre
présent Dieu même, par le don réciproque : « C’est un mystère de
charité qui commence »[3].
« soyez féconds, et multipliez-vous, remplissez la terre » Gn 1, 28 ;
La Parole
divine donne à l’homme une mission procréatrice : Dans l’acte créateur
même Dieu choisit de passer par l’homme et sa liberté pour mener à bien son
dessein. Il est du devoir de l’homme d’œuvrer à cette fin. Jean Chrysostome
montre que cette procréation, mission confiée par Dieu, est fruit de l’union
des corps, qui est acte sacré en raison du « une seule chair ».
Toutefois, la valeur du « une seule chair », liée à la
génération de l’enfant, n’est pas tributaire de ce fruit : « c’est
la cohabitation qui confond ces deux individualités en une seule »[4].
Une
compréhension étriquée du donné révélé et des Pères de l’Église a pu placer la
génération comme la fin ultime du mariage. Mais en reprenant Augustin, on voit
qu’il la considère comme la fin naturelle du mariage, ce qui n’effleure
même pas le mystère de grâce qui y réside. Balthasar[5]
montre nettement que réduire la fin du mariage à la procréation fait perdre la
dimension de don gratuit qu’est l’enfant : le troisième terme du mariage,
qui compte comme premiers termes l’homme et la femme, n’est pas d’abord
l’enfant mais « the meeting of their two freedoms ». Et cet objectif transcende les deux
premiers termes, laisse la place à l’Esprit Saint, et c’est alors que peut s’ensuivre
ce don qu’est l’enfant.
[1] 18 Yahvé
Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul. Il faut que je
lui fasse une aide qui lui soit assortie ». 19 Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes
sauvages et tous les oiseaux du ciel, et il les amena à l'homme pour voir
comment celui-ci les appellerait: chacun devait porter le nom que l'homme lui
aurait donné. 20 L'homme donna des noms à tous les bestiaux,
aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes sauvages, mais, pour un homme, il ne
trouva pas l'aide qui lui fût assortie. 21 Alors Yahvé Dieu fit tomber une torpeur sur
l'homme, qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa
place. 22 Puis, de la côte qu'il avait tirée de l'homme,
Yahvé Dieu façonna une femme et l'amena à l'homme.
23 Alors celui-ci s'écria :
« Pour le coup, c'est l'os de mes os
et la chair de ma chair !
Celle-ci sera appelée “femme”,
car elle fut tirée de l'homme, celle-ci ! »
24 C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa
mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair.
25 Or
tous deux étaient nus, l'homme et sa femme, et ils n'avaient pas honte l'un
devant l'autre.
[2] Jean Chrysostome, Homélie XII du commentaire sur
l’épitre aux Colossiens, in Œuvres complètes, TXI, Guérin et Cie éditeur,
Bar-le-Duc, 1867, p. 174.
[3] Ibidem.
[4] Idem, p. 175.
[5] H.U. von Balthasar, Spirit and institution,
in Exploration in Theology IV, Ignatius Press, San Francisco, 1995 (1974),
p. 218.
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