« Il dit à la femme : “Je ferai qu'enceinte, tu sois dans de grandes souffrances ; c'est péniblement que tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera” » Gn 3, 16 ;
S’il est
bien dans le dessein originel de Dieu que l’homme et la femme soit mutuellement
attirée, par une saine attirance, le péché originel a
entrainé un désordre dans la création, désordre qui a des conséquences malheureuses dans la
sexualité humaine[1].
Face aux manichéens (pour qui tout mariage est mauvais) Augustin insiste sur la
distinction de deux « concupiscences » (ou attirances), l’une qui entraine au péché car désordonnée, et l’autre bonne,
puisque favorisant l'ordre voulu par Dieu. C’est ce qu’exprime aussi Jean Chrysostome :
« ce n’est pas le mariage qui est une mauvaise chose, c’est l’adultère,
c’est la fornication. Or le mariage est un remède contre la fornication »[2].
Une certaine lecture d’Augustin peut laisser à penser que le mariage n’est remède que
par une spiritualisation de l’union de l’homme et de la femme : le mariage
idéal serait alors le mariage vécue dans une continence parfaite[3].
Mais Augustin reconnait que la procréation est un bien voulu explicitement
par Dieu, et il montre que cette procréation n’est absolument pas une fin en
soi : la procréation par l’adultère ou la fornication ne peut en aucun cas
être considérée comme un bien. Il pose que dans le mariage « plus vaut
la sainteté du sacrement que la fécondité du sein »[4],
ce que Jean Chrysostome exprime aussi en montrant que pour que le mariage atteigne
pleinement son but – qui n’est donc pas premièrement la procréation – il faut que
« à l’exemple des mariés de Cana en Galilée, ceux qui s’épousent aient
entre eux Jésus-Christ »[5].
« Il adviendra en ce jour-là – oracle de Yahvé – que tu m'appelleras “Mon mari”, et tu ne m'appelleras plus “Mon Baal” » Os 2, 18 ;
Les
prophètes, pour parler de l’alliance entre Dieu et son peuple, usent de la
figure du mariage. Cette figure permet à la fois de souligner la force de
l’union entre Dieu et son peuple, celui-ci étant élevé par Dieu à un rang de
partenaire, d’égal. Et, à l’inverse, cet usage souligne la dignité du
mariage : puisque Dieu a daigné comparer son alliance avec l’homme a un
mariage, le mariage est donc un bien réel.
L’étude en miroir de ces textes montre
que les difficultés rencontrées dans le mariage ne mettent jamais fin à
l’alliance conclue entre les partenaires, de même que Dieu ne se lasse jamais
de l’infidélité de son peuple. En élevant son peuple à la dignité d’épouse,
apte à s’adresser à Dieu comme à un mari plutôt que comme à un maitre, Yhwh
préfigure le Christ qui s’adressant à ses disciples : « je ne vous
appelle plus serviteurs (…) mais amis (…) », leur fait don d’une forme
d’égalité avec Lui.
[1] Augustin d’Hippone, Lettre
6*, in Œuvres de Saint Augustin 46B, Études Augustiniennes, Paris, 1987, p.
131.
[2] Jean Chrysostome, Homélie I
sur le mariage, in Œuvres complètes, TIV, Guérin et Cie éditeur,
Bar-le-Duc, 1864, p. 181.
[3] Augustin d’Hippone, de
Bono conjugali, in Œuvres de Saint Augustin II, Bibliothèque Augustinienne,
DDB, Paris, 1948, p. 59.
[4] Idem, p. 73.
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