vendredi 30 mai 2014

Homélie - Ascension - les apôtres en sont restés bouche-bée

Homélie – Ascension 2014


Chers frères et sœurs,
Il nous a quitté, et les apôtres en sont restés bouche-bée, figés, à fixer le ciel…

 « il l'a fait asseoir à sa droite dans les cieux ».

Jésus est monté au cieux. L’union du Verbe et de la nature humaine est telle en Jésus, que la nature humaine de Jésus est elle aussi élevée. En retournant près du Père, le Verbe n’a pas abandonné son humanité comme un vêtement superflu… bien au contraire. Ainsi, un membre de la communauté humaine – un membre de notre communauté – est maintenant assis au plus près de Dieu. Si nous doutions de la proximité de Dieu avec les hommes, ce n’est aujourd’hui plus possible : notre Dieu a un cœur humain ! Jésus, notre frère, notre tête est au ciel… et c’est bien là que tout le reste du corps est appelé à aller.

Il nous a quitté, et les apôtres en sont restés bouche-bée, figés, à fixer le ciel…

« Il viendra de la même manière »

Il a fallu que les anges interviennent ! Écoutons les ces anges, ces messagers de Dieu. Quand un ange est présent, c’est pour souligner une parole vraiment importante. Que disent-ils ? « pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? ». Est-ce un reproche ? Faut-il garder les yeux au sol ? Devons-nous retourner à nos activités terrestres, surtout sans lever les yeux ?
Qu’en pensez-vous ?
Évidemment, poser la question, c’est déjà y répondre en partie : les anges nous disent que de la même manière qu’il est parti, Jésus va venir ! Et c’est ce que nous répétons sans cesse, à chaque messe : « nous célébrons ce mystère, jusqu’à ce qu’il vienne ! ». Nous sommes dans une attente active de la venue du Seigneur.
Ainsi, il ne nous est pas demandé de ne pas regarder le ciel, mais de le faire pour de bonnes raisons ; non pas pour pleurer le départ de Jésus, mais bien pour être prêt pour sa venue. Non pas pour ressasser des souvenirs, mais pour être des témoins fidèles, pleins de la parole de Dieu. Non pas pour nous morfondre, mais pour avancer sereinement, résolument, vers notre Dieu qui vient.

« Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde »

Il nous l’a dit et nous ne le voyons pas… Mais nous pouvons le croire. Pour le percevoir, il nous faut appliquer toute notre « Attention ».

La philosophe Simone Weil[1], qui a longtemps réfléchi sur le travail humain, a découvert que la plus grande richesse de l’homme, c’était cette capacité d’ « Attention ». L’Attention est, pour la philosophe, la capacité de l’homme à s’ouvrir à la réalité surnaturelle en s’appuyant sur les réalités sensibles[2]. Elle est la capacité de voir plus loin et au-delà de ce que nous dise nos yeux, c’est comme le dit un certain renard, la capacité à voir avec le cœur, ou comme le dit un théologien, la capacité à voir avec les yeux de la foi.
C’est la capacité à voir l’action de Dieu dans notre monde 

Et cette Attention nous humanise, elle nous rend pleinement vivant, car elle nous permet d’ouvrir notre cœur au Seigneur. Et en même temps, cette attention n’est vraiment possible que parce que celui que les apôtres ont vu, celui dont ils ont témoigné, est aujourd’hui auprès du Père et qu’il nous envoie son Esprit, qu’il nous fait don des vertus théologales… qu’on pourrait peut-être voir comme une connectique qui nous met en rapport direct avec lui.

En fait cette Attention de Weil, c’est le plus grand commandement : « Écoute Israël », Sh’ma Israël, écoute peuple fidèle : écoute le Seigneur ton Dieu qui te parle, dans sa Parole mise par écrit, dans l’Église qui enseigne, mais aussi dans ta prière et dans ta conscience, au plus profond de ton cœur. Écoute ton Dieu, peuple fidèle, écoute ton Dieu, chrétien : Quand tu te mets à son écoute, le Seigneur fait sa demeure en toi. Ce Dieu qui frappe à la porte de ton cœur et qui ne forcera pas la porte, viens habiter chez toi. Écoute ton Dieu dont la joie est de faire sa demeure en toi.





10 jours nous sépare de l’évènement de la Pentecôte, le temps d’une neuvaine.  Tannons le Seigneur, pardon, prions-le pendant cette neuvaine, qu’il envoie son Esprit sur nous, que nos cœurs s’ouvrent, et sur les 7 membres de notre communauté qui vont recevoir le sacrement de confirmation à la Pentecôte, qu’il ouvre nos cœurs à son Esprit, et que nous soyons pleinement attentifs à sa présence parmi nous.



[1] Française, elle est née en 1909 et morte en 1943. Si elle est restée juive, elle connait une forte évolution spirituelle à partir de 1938, qui la rapproche  du christianisme.
[2] Simone Weil, la condition ouvrière, « Condition première d’un travail non servile » Gallimard, 1951, p. 265.

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