En France, depuis
1945, il existe un système d’« allocations familiales » :
l’objectif est de soutenir les familles par une prime financière conséquente et
ainsi compenser la charge qui pèse sur ceux qui accueillent au moins deux enfants.
Ce système est fondé sur deux principes fondateurs : d’abord, l’enfant est
une richesse pour la société tout entière, et celle-ci doit donc aider les
familles puisqu’elles sont la condition de l’existence de cette société[1]. D’autre part, pour
toutes les familles, l’enfant est une charge, et l’État aide toutes les
familles de la même manière[2].
Dans le but de faire des économies à l’État, dont le budget est vraiment
déséquilibré, au milieu d’un large éventail de mesures, il a été décidé de réduire
ces allocations. Une première possibilité était de réduire l’allocation de
manière universelle. Une autre possibilité envisagée a été de réduire
l’allocation versée à ceux qui dépassent un certain revenu, en particulier en jouant sur le quotient familial[3].
Deux objections se font jour d’un point de vue moral : tout d’abord, alors
que la finalité de l’État est le service des familles, le gouvernement choisit
de réduire en premier lieu une aide directement versée aux familles, dont la réduction aura une influence
évidente sur leur moral. De plus, cette réduction est décidée alors
que l’État confirme sa tendance à « l'hypertrophie des appareils publics,
animés par une logique bureaucratique plus que par la préoccupation d'être au
service des usagers »[4], et que le principe de subsidiarité[5] est bien souvent ignoré.
C’est la deuxième option qui a été décidé : dorénavant, pour pouvoir profiter d'un abattement sur l'impôt, il faut ne pas dépasser un certain
revenu : la « branche famille » de la caisse de sécurité sociale pourrait donc changer de nom et s’appeler « branche familles pas trop
riches ».
[1] Conseil Justice et Paix, Compendium de doctrine
sociale, n°214 : « la famille n’existe pas pour la société et
pour l’État, mais ce sont la société et l’État qui existent pour la
famille »
[2] Jean-Paul II, Familiaris Consortio, 45 :
« Les autorités publiques, convaincues du fait que le bien de la famille est
pour la communauté civile une valeur indispensable à laquelle on ne saurait
renoncer, doivent s'employer le plus possible à procurer aux familles toute
l'aide – économique, sociale, éducative, politique, culturelle – dont elles ont
besoin pour remplir de façon vraiment humaine l'ensemble de leurs obligations »
[3] « Le quotient familial est une
mesure qui permet de déterminer la progressivité de l'impôt d'un foyer fiscal.
Il divise le revenu imposable de chaque contribuable en fonction de la
situation familiale: nombre d'enfants au sein du foyer fiscal, âge, niveau de
santé... Le quotient familial doit être vu comme une barrière d'ajustement qui
prend en compte le niveau de charges de chaque famille » dixit le Figaro.
[4] Jean-Paul II, Centesimus Annus, 48
[5] CEC 1883 : « La doctrine de l’Église a élaboré le
principe dit de subsidiarité. Selon celui-ci, "une société d'ordre
supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d'une société d'ordre
inférieur en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en
cas de nécessité et l'aider à coordonner son action avec celle des autres
éléments qui composent la société, en vue du bien commun" »
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